Très jeune, Prokofiev voulait être compositeur ; ainsi dès 5 ans il se met à écrire des partitions ! Il entre au conservatoire de Saint-Pétersbourg pour y étudier le piano et la composition avec les professeurs Rimsky-Korsakov et Glazounov. Son travail se voit hautement récompensé mais Prokofiev trouve l’enseignement trop académique. Il admire ses contemporains (comme Debussy ou Schonberg) plus que ses ancêtres, alors que ces compositeurs font scandale. Prokofiev était un élève doué, mais indocile et provocateur. Par exemple, lorsqu’il tenta le concours Rubinstein, il joua une de ses propres compositions (Concerto pour piano n°1) au lieu de jouer l’oeuvre classique traditionnellement programmée. Le jury accepte mal cette provocation, mais après une délibération quelque peu houleuse, Prokofiev remporta le premier prix ! Les premières oeuvres de Prokofiev sont très mal vues par le public et font scandale comme le Concerto pour piano n°2 ou la Suite scythe deux oeuvres jugées « sauvages » dotées d’une grande audace rythmique et d’une rare violence. Ces echecs voient Prokofiev faire des voyages en Europe occidentale, à Londres notamment, où il rencontre Diaghilev en 1914 qui lui commande un ballet, projet qu’il refusera d’abord. Son Concerto pour violon n°1 et sa Symphonie classique sont achevés en 1917.
La Russie est alors est en pleine période révolutionnaire ce qui motive le compositeur russe à partir s’installer aux Etats-Unis. Il y composera un premier opéra L’Amour des trois oranges mais le succès fut médiocre. Le public américain apprécie le talent de pianiste de Prokofiev plus que celui de compositeur. Prokofiev, pronfondément déçu, quitte l’Amérique pour l’Europe, où il arrive en France en 1920. Il y achève son Concerto pour piano n°3, une oeuvre pleine de virtuosité et de mélancolie. Un nouvel opéra (L’ange de feu) verra le jour en 1922, après que le compositeur ait retrouvé Diaghilev et ses compagnons d’exil, dont la représentation ne sera donnée qu’après la mort de Prokofiev, en 1954.
Prokofiev décide en 1935 de retourner en ses terres natales et prend la nationalité soviétique en 1937. Ce choix étonne ses amis, car la plupart des artistes fuient le régime en place, mais Prokofiev ne s’interesse qu’à son oeuvre et la politique ne l’ambitionne en aucune façon. Il pense trouver de meilleures conditions de travail en Russie, choix qui portera ses fruits puisque des oeuvres telles Pierre et le loup pour les enfants et le ballet Romeo et Juliette se classent parmi ses plus populaires, de même que les Symphonies n°5, 6 et 7 feront bonne impression. Ce retour en Russie sera d’autant plus une réussite pour le compositeur en collaborant avec le grand cinéaste russe Eisenstein pour lequel il composera deux grandes musiques des films Alexandre Nevski en 1938 et Ivan le Terrible en 1945. A partir de 1940 et jusqu’à sa mort en 1953, Prokofiev entreprend la composition d’un grand opéra Guerre et paix tiré du livre de Tolstoï, avec sa nouvelle compagne Myra Mendelssohn. Le retour fructueux en Russie de Prokofiev durera une quinzaine d’années, où il sera couvert d’honneurs, mais à partir de 1948 le compositeur subit la censure et les attaques violentes du comité central contre le « formalisme bourgeois ». Nous sommes en pleine période de totalitarisme stalinien, où chaque artiste se devait de respecter une unique forme d’expression artistique, le réalisme socialiste. Ainsi l’opéra de Prokofiev sera jugé trop novateur au niveau du langage musical et se verra condamné, classé sur une liste noire. Le pauvre compositeur devra rédiger une auto-critique des plus humiliantes. Prokofiev connaîtra pourtant une période plus heureuse en 1950 lorqu’il verra son oratorio La Garde de la paix rentrer en faveur. Prokofiev mourra de façon inaperçue en 1953, le même jour que Staline…