« Tintinnabuli », l’hommage des Tallis Scholars à Arvo Pärt
Fondé en 1973 par son directeur actuel Peter Phillips, l’ensemble vocal The Tallis Scholars a su s’imposer à travers le monde comme l’un des grands apôtres de la musique sacrée de la Renaissance. Réputé pour son sens de la précision, la clarté de ses lignes musicales, le choeur s’adonne aussi au répertoire contemporain, et a pris l’habitude de mettre en parallèle la musique ancienne de Lassus, Josquin ou Palestrina avec les oeuvres a cappella de John Tavener, Eric Whitacre ou encore Gabriel Jackson. Mais c’est surtout dans la musique sacrée d’Arvo Pärt que Peter Philips trouve le plus d’affinités avec le monde musical de la Renaissance, et c’est à l’occasion des 80 ans du compositeur estonien que le chef a décidé d’enregistrer un album exclusivement consacré à ses oeuvres a cappella, écrites dans le style « tintinnabuli », qui paraît chez le label Gimell.
Tintinnabuli ? On en a déjà beaucoup parlé sur musicaeterna.fr : c’est le nom donné par Arvo Pärt a sa technique de composition, qui évoque le son des cloches d’église (mélange de notes fondamentales et de sons harmoniques, pouvant générer des clusters). Un langage mis au point par Pärt entre 1968 et 1976, durant sa période de réclusion artistique et spirituelle, lorsqu’il passa ses journées plongé dans l’étude du chant grégorien et des polyphonies de la Renaissance.
Des Sieben Magnificat-Antiphonen (1988) au Which was the son of… (2000), les oeuvres contenues sur le présent album ont toutes déjà été enregistrées par d’autres ensembles, surtout le Magnificat, l’oeuvre vocale la plus plébiscitée des choeurs qui souhaitent chanter Pärt. Pour les fans du compositeur, aucune nouveauté à se mettre donc sous la dent… mais des oeuvres connues qui jouissent ici d’une belle interprétation par les Tallis Scholars. Le son est cristallin, les voix claires et précises (deux chanteurs par voix), les intentions bien définies. Toutefois, c’est une question de goût, mais on sent les choses un peu trop froides et analytiques par moments, comme s’il manquait une part de chair, de passion, de spontanéité. Ce sont des musiques de l’âme, certes, mais il y a quelque chose d’un peu trop propre, de rigide dans le rythme… A vous d’en juger !
Des icônes monastiques aux selfies des réseaux sociaux
Originalité de l’album à signaler aux vrais mordus de la musique de Pärt, Peter Philips vous propose d’envoyer avant le 11 août 2015 une photo selfie avec l’image du livret par mail à [email protected] – votre contribution figurera peut-être sur la vidéo hommage YouTube que les Tallis Scholars préparent pour le 80e anniversaire d’Arvo Pärt !