Veillée russe avec les Métaboles
Il faisait un froid de canard à Paris en ce dernier dimanche de janvier. Mais c’était parfait pour se mettre dans l’ambiance de la « veillée russe » proposée par l’ensemble Les Métaboles, dans la magnifique petite Chapelle de Jésus Enfant, située à quelques mètres de l’imposante Basilique Ste Clotilde (7e).
Constitué d’une trentaine d’excellents jeunes chanteurs, tous réunis par l’amour de la musique et du chant, le choeur Les Métaboles s’est lancé le défi d’un programme très exigeant, avec des oeuvres difficiles de compositeurs russes ou d’Europe de l’Est tels l’Agnus Dei du Requiem de Penderecki, le Magnificat de Pärt, ou encore des extraits des Vêpres de Rachmaninov, véritable monument de la musique sacrée orthodoxe du 20e siècle.
Placés sous la baguette du jeune Léo Warynski, ancien élève du CNSM de Paris, formé à la direction auprès de Pierre Cao et François-Xavier Roth, les chanteurs ont livré une très belle prestation, pleine de passion. Sous les projecteurs de lumière bleue, ils ont offert au public un début de concert somptueux avec les Trois chants sacrés d’Alfred Schnittke (1934-1998), des pièces absolument sublimes et injustement très méconnues (il n’existe à ma connaissance qu’un seul enregistrement, chez Chandos, dont on peut écouter le numéro 3 ici). Schnittke fait partie de cette génération de compositeurs de l’Union soviétique spirituellement engagés, tout comme Pärt en Estonie et Penderecki en Pologne, et qui se sont heurtés à la censure du régime communiste russe.
De méconnu dans ce concert, il y avait aussi les Trois miniatures de Gyorgy Sviridov (1915-1998), des pièces profanes assez étonnantes qui dépeignent des scènes rustiques typiques d’Ukraine de l’Ouest et de Moldavie, une parenthèse un peu amusante dans un programme par ailleurs fortement marqué par le religieux.
Le concert était aussi l’occasion de mettre en avant le jeune compositeur russe Dimitri Tchesnokov, né en 1982, avec un très bel Ave Maria composé en 2011. Une oeuvre joyeuse, raffinée et très expressive, et un très bel écho à l’Ave Maria de Rachmaninov, le « tube » des Vêpres que les Métaboles ont d’ailleurs bissé en fin de concert. Le « gros morceau » du programme était donc ces Vêpres, qui mettent à rude épreuve les chanteurs, en particulier les voix graves. Mais les pupitres d’altos et de basses sont de gros points forts de ce choeur, et une mention particulière s’impose pour Camille Merckx, l’alto soliste du « Blagoslovi douché moya », qui a livré une interprétation vraiment magistrale.
Si vous avez raté ce programme, il vous reste une seconde chance de l’entendre, mercredi 1er février à 21h00, à l’Eglise réformée des Billettes (Paris 4e). Plus d’infos sur lesmetaboles.com