Renoir gâché par la musique de Desplat
A voir au cinéma depuis le 2 janvier, un très beau film de Gilles Bourdos qui met en scène le peintre Renoir, au crépuscule de sa vie, dans sa magnifique demeure sur la Côte d’Azur. Photographie magnifique, lumière resplendissante, acteurs formidables… mais musique complètement inappropriée, à notre goût, signée Alexandre Desplat, l’homme qui compose plus vite que son ombre (auteur de plus de 80 bandes originales de films depuis 2000!).
Le film se déroule tout entier dans les alentours méditerranéens de la demeure du peintre. Lorsque débarque de nulle part Andrée, une très belle jeune fille aux magnifiques boucles cuivrées, venue poser comme modèle, le vieil homme retrouve en elle une nouvelle énergie pour peindre. Un tendre équilibre vite chamboulé par le retour de Jean, deuxième fils du peintre revenu blessé de la guerre, et qui tombe instantanément sous le charme de celle qui servira de dernier modèle à Renoir. Lorsque Jean, guéri, décide de retourner au front, Andrée est effondrée et disparaît de la maison au grand désarroi du peintre, soudainement privé de sa nouvelle inspiration. Mais l’on sait tous que Jean reviendra sain et sauf de la guerre, qu’il finira par épouser Andrée et et qu’il deviendra le grand cinéaste qu’il est devenu.
Voilà, en deux mots, ce que le film raconte donc en deux heures ; rien de bien tragique, une histoire assez banale en somme, dans un cadre idyllique. Pourtant, dès la première scène du film, une musique angoissante accompagne les images de la jeune fille rousse qui roule en vélo jusqu’à la maison du peintre, le genre de musique à suspense qui semble préparer un rebondissement au prochain virage… Mais il ne se passera rien : Andrée arrive à la maison, sans incident, et rencontre le peintre.
Et ça sera ainsi pendant tout le film ; la musique off, omniprésente, crée un climat très pesant et anxiogène qui ne se tarira jamais, et qui n’a aucune autre fonction que de polluer l’image ; elle génère chez le spectateur une attente anxieuse, alors qu’il s’agit d’un film aux images très contemplatives, et au rythme plutôt lent, sans grand suspense…
Vous avez vu ce film ? Quelle musique classique, selon vous, aurait pu être utilisée ?
Et pour ceux qui ne l’ont pas vu, voici la bande-annonce, pourtant très prometteuse…