Chanter en choeur, c’est bon pour le coeur
Telle est la conclusion d’une étude effectuée au sein de l’Université de Göteborg, en Suède, sur un groupe de lycéens. Les chercheurs ont mesuré les battements de coeur des choristes, pendant qu’ils unissaient leurs voix, et ont constaté que la vitesse de battement diminuait, en particulier lorsqu’ils chantaient à l’unisson. « Quand vous chantez des phrases musicales, vous respirez différemment » explique le musicologue Bjorn Vickhoff, qui a mené l’expérience. « Vous expirez sur les phrases, et inspirez entre les phrases. Quand vous expirez, le coeur ralentit. »
Une première observation guère surprenante, quand on sait que le chant est une forme de sophrologie musicale qui apporte détente et bien-être. Mais le chercheur est arrivé à un résultat bien plus étonnant : très vite, il a remarqué que les battements de coeur des chanteurs se synchronisaient, pour se fondre en un seul rythme uniforme, guidé par la pulsation musicale de l’hymne qu’ils chantaient.
D’un point de vue musical et harmonique, l’uniformisation des voix dans un choeur est chose évidente, et même souvent recherchée – on parle toujours d’un choeur, d’une chorale, au singulier comme d’un seul et même organisme, chaque chanteur venant s’y greffer, faisant fondre sa voix dans celle des autres. Mais que cette harmonisation des timbres et du souffle ait un écho biologique, voilà qui est assez fascinant, et fait réfléchir sur la puissance de fusion émotionnelle ressentie par les choristes, mais aussi le sentiment de communion que doivent ressentir les individus d’une même communauté religieuse ou culturelle (la musique et le chant étant très souvent l’élément central dans l’aspiration spirituelle en groupe).
Bjorn Vickhoff compare cette union aux « réactions simultanées des animaux dans les essaims d’insectes, les bancs de poissons ou les nuages d’oiseaux », où chaque individu est relié à une sorte de conscience collective. Et se rappelle de son enfance à l’école, lorsque « chaque cours commençait par un professeur qui chantait un hymne sur un vieil orgue. Quelle bonne idée , n’est-ce pas, d’inviter la classe à réfléchir à l’idée que ‘nous sommes un, et nous allons travailler ensemble aujourd’hui’ ».
Toutefois, on peut se demander si une telle expérience est susceptible de provoquer les mêmes résultats dans toute situation, et pour chaque musique ; ici l’exemple de l’hymne chanté à l’unisson ou en harmonie de façon mono-rythmique, facilite certainement la synchronisation. En sera-t-il de même dans une double fugue de Jean-Sébastien Bach par exemple ? Ou toute autre oeuvre plus complexe qui superpose différents rythmes et différentes couleurs ?
A suivre donc…